Librairie Blanche

Jaune

par Michel Pastoureau

Histoire d'une couleur

Crédits & contributions

EAN
  • ÉditeurSEUIL
  • Parution03 octobre 2019

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Aujourd’hui, en Europe, le jaune est une couleur discrète, peu présente dans la vie quotidienne et guère sollicitée dans le monde des symboles. Il n’en a pas toujours été ainsi. Les peuples de l’Antiquité voyaient en lui une couleur presque sacrée, celle de la lumière, de la chaleur, de la richesse et de la prospérité. Les Grecs et les Romains lui accordaient une place importante dans les rituels religieux, tandis que les Celtes et les Germains l’associaient à l’or et à l’immortalité. Le déclin du jaune date du Moyen Âge qui en a fait une couleur ambivalente. D’un côté le mauvais jaune, celui de la bile amère et du soufre démoniaque : il est signe de mensonge, d’avarice, de félonie, parfois de maladie ou de folie. C’est la couleur des hypocrites, des chevaliers félons, de Judas et de la Synagogue. L’étoile jaune de sinistre mémoire trouve ici ses lointaines racines. Mais de l’autre côté il y a le bon jaune, celui de l’or, du miel et des blés mûrs ; il est signe de pouvoir, de joie, d’abondance. À partir du XVI e siècle, la place du jaune dans la culture matérielle ne cesse de reculer. La Réforme protestante puis la Contre-Réforme catholique et enfin les « valeurs bourgeoises » du XIX e siècle le tiennent en peu d’estime. Même si la science le range au nombre des couleurs primaires, au même titre que le rouge et le bleu, il ne se revalorise guère et sa symbolique reste équivoque. De nos jours encore, le jaune verdâtre est ressenti comme désagréable ou dangereux ; il porte en lui quelque chose de maladif ou de toxique. Inversement, le jaune qui se rapproche de l’orangé est joyeux, sain, tonique, bienfaisant, à l’image des fruits de cette couleur et des vitamines qu’ils sont censés contenir.