Le temps s'arrête après minuit

Tel un saumon, remontant à contre-courant le fleuve vers ses origines, Michel Vialatte, à travers ce journal, remonte aux siennes : on le suit avec enchantement à travers les pages de ce premier tome d’un journal littéraire à contre-temps, qui nous conduira au fil de ses publications, de l’année 2021 aux années 2010. Ce journal est l’expression d’un air du temps qu’on hume avec bonheur à travers les pages. On y navigue comme dans les méandres d’une rivière, désordonnées et inattendues, où s’aperçoivent mille résurgences. Une écriture délicieuse à savourer, une exploration à rebours talentueuse du temps qui passe. La plume de Michel Vialatte ressemble au ciseau du sculpteur : « Dans son charroi d’embâcles, dans ce puissant flot qui emporte à la fois riches alluvions et multiples débris, la vie mêle les germes à éclore à la poussière des êtres disparus, en un étrange et saisissant ferment. Ce flot, soudain exhaussé par l’épidémie, stupéfie autant qu’il exalte les survivants que nous sommes, à la fois hagards et paradoxalement stupéfaits d’avoir échappé au désastre ».