Itinéraire d'un agronome

Retracer son itinéraire peut apparaitre comme un exercice nombriliste à l’utilité discutable. Mais quand l’âge a fait que les jambes et l’envie ne vous portent plus à découvrir de nouveaux horizons, ce retour sur le passé est une façon de vivre une deuxième fois, par l’esprit et l’imagination, ce que vous avez vécu autrefois. C’est aussi l’occasion de partager avec ceux qui vous ont accompagné et ceux qui viendront après vous, les moments heureux et malheureux qui ont jalonné cet itinéraire, les découvertes stimulantes, les rencontres imprévues, les paysages insolites. On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve nous a dit Héraclite et j’ai bien conscience que l’itinéraire que je retrace est largement obsolète ne serait-ce que parce que la vie de saute-frontières que j’ai connue dans mon métier d’agronome itinérant est désormais condamnée par l’exigence de sobriété qu’impose le sort de la planète. Mais je crois qu’il est toujours possible de poursuivre, cette quête de sens, cette curiosité qui m’ont conduit à m’intéresser à la façon dont les paysans du monde essaient d’adapter leurs cultures à leur terre et leur terre à leur culture et de les accompagner dans cette voie.