Les cayennes d'Italie de Nicola Cilla

Il faut sauver les déportés de Benito Mussolini même de l’oubli, de plus en plus courant. Je constate hélas qu’à part les cas éclatants de Giuseppe Di Vagno, Giacomo Matteotti, Giovanni Amendola et des frères Rosselli, ou de ceux qui se sont distingués après la Deuxième Guerre mondiale, on révèle une aptitude à mettre sous silence les milliers d’antifascistes qui ont donné leur vie ou une partie de leur vie pour la cause de la liberté, celle dont nous jouissons de nos jours. Je constate aussi qu’il y a des centaines d’archives inutilisées, en Italie et surtout à l’étranger. Il est temps que l’histoire du fascisme se fasse surtout sur les documents, et non pas uniquement par parti pris. L’Italie et l’Europe ont traversé l’une des périodes les plus obscures de leur histoire. Seuls les historiens peuvent l’illuminer, par leurs recherches, leurs observations, leur sens de la liberté. Les Cayennes d’Italie (1928) de l’antifasciste Nicola Cilla, jamais utilisées par les historiens, constituent un document unique sur la répression fasciste. De nos jours, on a hélas tendance à réduire la typologie de cette répression. Le fascisme n’est absolument pas tendre envers ses opposants. On calcule autour de 20 000 interventions policières par semaine ! Le terrible Tribunal Spécial met en demeure, avertit et condamne tous les accusés politiques dangereux pour l’ordre public et la sécurité du régime. Cilla est un antifasciste de première importance, qui a joué des rôles cruciaux, dans le monde entier, pour la lutte contre le régime de Mussolini. Il est temps que les historiens s’occupent de ce personnage injustement oublié.