Librairie Blanche

FALLAIT PAS TOUCHER AU QUERCY

par JACQUE NUNEZ-TEODORO

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La révolte est un pli de l’âme; tu l’as ou tu l’as pas. Ça te vient avec le premier regard, la première odeur, le premier objet. Tu le gardes toute ta vie, il conditionne une certaine manière bien à toi d’habiter le monde. Il incendie ton enfance, il déchire ton adolescence. L’âge venant, il écorche ton quotidien, il t’empêche de dormir, tu récoltes des cernes sous les yeux. Tu ne finiras jamais vieux sage tranquille. Célestin Reveilhac avait été moulé dans cette argile-là. Il ne se résignait jamais malgré son demi-siècle, largement passé, sur les épaules: oublier de voir pour oublier tout court et garder les poings dans ses poches, ce n’était pas son genre. La bête immonde était toujours là, alors Célestin était toujours prêt à bousculer choses et gens. Tout près de la retraite, il retapait sa maison dans un hameau perdu du Lot. Il s’était retrouvé aux Urgences un samedi après-midi et aurait dû s’accorder une semaine de vrai repos. Seulement… seulement, il y avait eu la pétition de ces malfaisants qui prétendaient éradiquer les oiseaux, le tract d’un groupe qui s’appelait Quercy Vigilance Écologie sur son pare-brise, cette rumeur tenace autour d’un projet de stockage de déchets ultimes à Puy Blanc… plus la cigogne assise dans le pré… plus les trois camions boueux, à l’immatriculation illisible, dont l’arrière raclait le bitume tant ils étaient chargés… Alors, par fidélité à sa loi, à son histoire familiale, à ses années soixante-dix, à ses vieux copains du maquis, parce qu’il était curieux et teigneux, il était retourné là où les camions s’étaient garés. Ça lui vaudrait pas mal d’ennuis. Ça lui vaudrait sept jours en enfer. Mais fallait pas toucher au Quercy!