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Mon oncle, gai et facétieux, était un remarquable con­teur. Il avait du goût pour le théâtre et ne se privait pas de le montrer, bien que cette discipline ne disposât guère des faveurs de l'Église. Malgré son statut austère d'ecclésiastique, il se mettait volontiers en scène et ses sermons et prêches tant en breton qu'en français, qu'il jalonnait dans cette dernière langue de locutions latines, ne manquaient pas de sel. Et l'on venait souvent de loin pour les écouter quand il était jeune recteur, à Saint-Thégonnec, à la veille de la Révolution. J'ai toutefois eu le souci de ne pas trahir l'esprit qui animait mon cher oncle afin de lui rendre hommage, puisqu'il nous a quitté voilà un mois, non sans une dernière facétie pour tromper l'angoisse du départ pour la vie éternelle. J'étais alors auprès de lui et après qu'il ait reçu l'extrême onction, je lui ai demandé si, dans ce moment difficile, il était réconfortant pour lui de songer qu'il allait bientôt re­joindre son créateur. Il me répondit en murmurant une citation du poète Ovide dans L'Art d aimer « Ignoti nulla cupido » (On ne désire pas ce que l'on ne connaît pas).