Coeur de brume

Quand l’existence se heurte aux barrières du vide, aux verrous du néant, quel langage utiliser par le poète, lui qui sait mieux que quiconque que les chemins ne sont que des impasses, les discours des mensonges, les rêves de perpétuels cauchemars qui balancent entre brume et brouillard, poussière et vide absolu ? C’est avec pour tout outillage des brumes, des ombres, de la poussière, de l’ennui, des brouillards, des déserts, du froid, des visages sans regard qu’il entame sa reconstruction du monde. « Quand la poussière / redessine des visages / il manque toujours le regard ». Et pourtant lentement se profile comme une aube naissante prometteuse de vie et d’avenir : « jusqu’à ces crêtes dentelées / où des légendes anciennes prétendent / que le monde entier / ou peut-être même l’univers / tiendrait dans l’œil d’un enfant ». C’est alors un chant qui s’élève, un hymne à la vie et à la nature qui « finit par éclairer ma nuit / d’un nombre incalculable de miroirs / renvoyant sous des dehors divers / l’image unique et malmenée / mais ô combien vivante / d’un monde grouillant de vies / passées présentes et futures ». Un message d’espoir et de vie dans un monde malmené ! Et l’indécise nuit se fera jour / à la jonction du désert et de la lumière. CA Né en 1951, Christian Amstatt voue depuis toujours à la poésie une passion sans limite. Cœur de Brume est son 7ème recueil édité.