Ottomania

Après l’effondrement de l’Empire ottoman et l’abolition du Sultanat, la République<br /> de Turquie, a été proclamée le 29 octobre 1923 par son fondateur Mustafa Kemal.<br /> Durant son mandat, il s’est attelé à éradiquer l’héritage ottoman et à séparer le<br /> politique du religieux. Il orienta la Turquie vers la voie de l’occidentalisation et de la<br /> modernisation.<br /> Toutefois, l’arrivée au pouvoir de l’AKP en 2002 et l’élection de Recep Tayyip Erdogan<br /> à la présidence de la République en 2014 engage la Turquie vers une autre voie, en<br /> s’éloignant graduellement de l’héritage kémaliste au profit d’un islamo-conservatisme<br /> dont les contours demeurent ambigus et équivoques. Depuis des années, Erdogan<br /> ambitionne de promouvoir une image nouvelle de la Turquie, qui s’articule autour<br /> d’un islamisme politique modéré, mais très pragmatique, à la différence des modèles<br /> saoudien et iranien. Cette ambition se heurte à plusieurs défis : l’irrésoluble question<br /> Kurde, la question arménienne, les contentieux avec la Grèce, un grand fossé avec les<br /> pays arabes, une politique étrangère ambivalente qui ne s’inscrit pas dans la durabilité<br /> à l’égard de plusieurs États, un interventionnisme international rarement apprécié, des<br /> canaux de politique étrangère parfois informels et peu conventionnels.<br /> En 2023, la Turquie célèbre le centenaire de la création de la République de Turquie<br /> qui coïncide avec la tenue des élections présidentielles. Lesquelles sont décisives pour<br /> l’avenir de ce pays. En cas de réélection du président Erdogan, sa politique islamo-<br /> conservatrice sera incontestablement ancrée dans la société turque mais encore,<br /> la société internationale sera définitivement dans l’obligation de traiter avec cette<br /> nouvelle Turquie. Une nouvelle étape de l’histoire de ce pays va commencer.