L' Alsace des Écrivains

Dans l’Aisne, sur les lieux de la plus vieille histoire de France, ont mûri des écrivains qui ont donné sa grandeur à notre langue nationale. Dans sa partie la plus méridionale, là où le bon vin pétille, naissent ou grandissent nos auteurs les plus « français » : Racine, La Fontaine, Dumas, Claudel ; dans sa partie septentrionale, exposée aux envahisseurs, nos révolutionnaires et nos grands historiens : Condorcet, Saint-Just, Henri Martin, Ernest Lavisse… Cette Balade, qui suit les pas des vingt auteurs les plus expressifs de ce pays, illustre la « parenté indélébile du poète avec son terroir », selon la formule de Paul Claudel. Leur vie dans l’Aisne est contée par leur meilleur biographe. En cette période de commémoration du 90e anniversaire des combats du Chemin des Dames, l’historien Guy Marival nous rappelle les point forts du déroulement de la Grande Guerre dans le département. Nous avons suivi pas à pas le fil de la belle province, avons ouvert des portes aux voyageurs, permis, du moins le croyonsnous, aux visiteurs lettrés d’aujourd’hui de s’y frayer un chemin, d’en inventer de neufs. On pourra croiser Guillevic à Ferrette, Albert Schweitzer du côté de Munster, Jean- Paul Klée au Struthof, Marcel Schneider ou Max Genève à Mulhouse, Bernard Frank à Haguenau, Gustave Stoskopf à Brumath, Claude Vigée et André Maurois à Bischwiller, Marcel Schneider encore à Wasserbourg, Claudie Hunzinger à Labaroche, Gérard Pfister à Orbey, Erik Orsenna à Moernach, Maxime Alexandre dans le Ried, Jean Egen dans le Florival, René Schickelé et la Baronne d’Oberkirch à Obernai et puis tout Préface 181227 16-03-30 L : 105 - Folio : p10 - H : 185 - Couleur : Black - Type : pINT 17:00:35 11 le monde, à commencer par la grande foule des Romantiques, à Strasbourg. Ce livre est un voyage. Nous parlions, en liminaire, d’un acte d’amour. Il l’est, le demeure, pour une région qui a suscité tant d’espoirs et de vocations. On s’est battu pour l’Alsace-Lorraine, jadis, si bien que l’on est tout heureux de retrouver l’Alsace, à la fois attachante, séduisante, charmeuse, replète, singulière et toute entière elle-même, dans une grande région de l’Est, dont Strasbourg doit être la capitale, sinon le centre. De cette nature alsacienne, irréductible aux changements administratifs et historiques, fière de sa double nature – française et germanique – soumise à ce génie du Rhin, dont parlait Maurice Barrès lors de ses sept conférences données, dans les années 1920, à l’université de Strasbourg – face à laquelle trône une statue de Goethe –, ce livre est le témoin. Puisse-t-il donner l’envie aux lecteurs, à leur tour, de découvrir leurs territoires, leurs sillages, leurs textes de prédilection. La première richesse de l’Alsace est bien d’être un terreau fertile pour tous ceux qui en tombent amoureux. Gilles Pudlowski