Pour l'amour du vent

Le jour où la haine m’a suggéré de faire une conférence sur elle, c’était une période de ma vie professionnelle où je n’arrivais plus à tisser de liens cohérents. L’évidence était qu’il fallait que je me confronte plus profondément à la mésestime. Barricadée d’une combinaison défiant les lieux les plus inexplorables de l’âme humaine, je me suis sentie rapidement emportée par un tourbillon de « pourquoi ». Dans cette immersion obscure, ballottée par les mystères psychologiques de ce monde, j’ai rencontré un vieux coffret complètement rouillé qui restait fermé comme une huître. Je me suis alors souvenu d’Aladin et sa lampe magique, j’ai frotté le couvercle en incantant plusieurs fois : « ouvre-toi-malle-maudite », mais au lieu de rencontrer le génie qui allait enfin répondre aux multitudes de questions que je me posais sur la haine, c’est une vulgaire boule de laine rouge entremêlée d’innombrables nœuds qui s’est ouverte à moi. En colère, je m’apprêtais à la jeter dans ces fonds marins hostiles quand, soudain, j’aperçus un petit bout de papier, le même que l’on trouve dans les biscuits chinois. Il flottait, attaché sur le seul bout de ficelle qui sortait de cette pelote usée, je l’ai arraché, je me suis empressée de le lire, et il était écrit : « Dénoue-moi ».