Librairie Blanche

Sur la langue philosophique

par Günther Anders

Crédits & contributions

EAN
  • ÉditeurFARIO
  • Parution03 avril 2026

Prix TTC

12,50

Pas encore paru

Ce titre n’est pas encore paru. Vous pouvez le réserver dès maintenant.

Quelle langue pour la philosophie ? La distinction, voire l’opposition, discutable en elle-même, entre langue ésotérique et langue exotérique se décline de bien des façons : les philosophes appartiennent-ils à une caste privilégiée qui leur imposerait un sabir ou un jargon technique préservant leurs secrets ? De quoi se protègeraient-ils ? Comment conjuguer vérité et démocratie ? Car si l’on sait la vérité mise en péril dans les dictatures, le pluralisme autorisé ou prescrit par la démocratie ne fait-il pas courir à la vérité le risque de se fondre dans le registre de l’opinion ? Faut-il se soucier d’une vulgarisation qui porterait son inévitable lot de condescendance ? Quand ne pas s’en soucier laisserait un vide pour les simplificateurs et les marchands d’opium… Pour avoir été traversé par cette question et avoir opéré lui-même une révolution par le refus d’un formalisme académique dans laquelle il a pourtant grandi et évolué, Günther Anders sait qu’il n’existe pas de réponse simple, évidente, au choix d’une langue. S’il s’est écarté de la carrière universitaire, sans renoncer en rien pour autant à la rigueur, ce fut pour décider d’empoigner des questions de et pour son temps. On mesure à travers ces textes sur l’expression de la pensée philosophique que ce choix ne s’est pas fait aisément et qu’il est le fruit tant d’une nécessité intérieure que des enjeux d’une époque. L’analogie qu’Anders explore avec les questions rencontrées aujourd’hui par le poète est sur ce point remarquablement éclairante. Les textes assemblés ici témoignent directement de cette recherche et de la singularité de la réponse andersienne : dialogues fictifs et mise en scène troublent le jeu. Sur cette scène des personnages apparaissent. Et s’il est très explicitement question des options d’Heidegger quant à la langue, la figure d’Adorno n’est pas loin, avec laquelle les comptes, on le devine, demeurent en suspens. * « Nous avons donc trouvé un troisième style dans la poésie. Il me semble que notre tâche consiste à trouver quelque chose d’équivalent en philosophie. Par pitié, pas une imitation directe de Kafka ou de Brecht. Mais en tout cas une tentative pour trouver un ton direct. Un ton qui se tient autant à distance du langage courant dépravé que du langage technique élevé. Si cette tentative réussit, alors nous aurons fait un grand pas. Qu’on nomme encore ou non cette tentative “philosophie”, quelle importance ? À propos de Whitman ou de Brecht, on a aussi douté que leur œuvre était de la “poésie”, on a dit que le premier écrivait des hymnes religieux, et qualifié le second de didacticien. Et aujourd’hui, sait-on si les ponts sont des oeuvres d’art ou bien des équipements techniques ? Les questions de classification ne devraient jamais nous faire peur. Si les choses réussissent, elles contribueront d’elles-mêmes à modifier après-coup les classifications. » G.A .