Librairie Blanche

LUCIFERA

par Dumitru Velea, VELEA DUMITRU

Crédits & contributions

EAN
  • ÉditeurUNICITE
  • Parution01 juillet 2024

Prix TTC

14,00

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Le titre même du recueil, si surprenant, est l’un des signes les plus énigmatiques de cette résistance de la poésie aux évidences trompeuses que nous transmettent la langue et l’habitude. Lucifera: Lucifère? Le nom provoque notre besoin interprétatif. Tentons un éclaircissement. Peut-être le poète force-t-il la tradition pour en faire mieux apparaître ce que l’habitude de la langue nous cache ? Communément, le nom de Lucifer renvoie à la traduction latine d’un verset du prophète Isaïe qui, selon la Vulgate, signifierait « Comment es-tu tombé du ciel, Lucifer, toi qui paraissais si brillant au point du jour ? ». La vulgate latine traduit ici par Lucifer le mot hébreu Heylel, qui signifie ‘astre brillant’, et le verset biblique pourrait être traduit ainsi : « Te voilà tombé du ciel, astre bril-lant, fils de l’aurore. Tu es abattu à terre, toi le vainqueur des nations ! » (Esaïe, 14,12). Pour les Romains, Lucifer était le nom de l’astre du ma-tin – Vénus. Le mot pouvait aussi désigner simplement une journée (in paucis luciferis : dans quelques jours). Aucun ange dans tout cela, mais, littéralement, un porteur de lumière. Dumitru Velea veut-il rendre à la langue ce que l’histoire occulte, recouvrant depuis la Vulgate l’image d’une chute de l’astre par celle d’une chute de l’ange ? Veut-il rendre au nom à ce point sa féminité, recouverte par un biais de traduction dont la fortune théologique et littéraire fut considérable, en forçant par une opé-ration poétique surprenante la langue à reféminiser le nom, contre l’habitude de la langue commune ? Cette conjoncture me semble si belle que je préfère m’y tenir, quitte peut-être à désobéir au poète. J’entends donc bien « la porteuse de lumière ». Extrait de la préface de Jean-Pierre Dubost