NÉ DE LA PREMIÈRE PLUIE

Chez Luc Marsal, l’enfance vous saisit au lever du silence, elle déborde à feu doux, vous prend là, démesurée et périlleuse… Un presque rien immiscé, intriqué, inquiétant comme un fruit déjà mûr / échoué au loin / sur la terre qui s’éteint. Quête des essences sous tension féconde le poète nous imbibe de chair sensible / de colère inutile et tranche ainsi nos défaites… Dans l’hospitalité du livre, l’horizon paradoxal interroge et délivre d’apparentes clartés. De là où nous sommes / la vie est imprenable. Une limpidité désarmante condense un dépouillement volontaire et dépressionnaire. Je t'écris du fond du monde / du sang bleu / coule de mes peines. L’auteur s’écrit à bonne distance de ces inévitables abords du zéro où un visage attend. Une couche de silence entre les yeux / j'ai fait le pari de la négligence / des faux départs des à-peu-près / je n'y ai cru qu'à moitié. Chez Luc Marsal, la simplicité devient nécessité vitale. Est-ce une aspiration troublée par une supposée unité originelle ? Dans ces fragiles méditations fragmentaires, l’auteur estampille ces quelques centimètres / gagnés / sur nos vies imparfaites. Pardonnez-moi de ne pas être / (tout à fait) / celui que vous attendiez. Anne de Commines