Le mur

« Écrire le mur refuge, le mur refus, le mur écroulé sur les espoirs, la séparation, la tour d’ivoire, le guet d’où l’on surveille la plaine, la Grande Muraille de Chine… De pierre, de chair, de mots, de silence, le mur étouffe les murmures, assourdit les lamentations, étrangle les cris et la rage, tait l’oubli. On appelle, on se cogne, le cœur se brise, le mur se couvre de bleus, de graffitis, de fenêtres peut-être. Démonté à Berlin, reconstruit en Palestine, au Mexique ou ailleurs pour contenir la marée des migrants en marche, véritable Barrage contre le Pacifique, il n’arrête rien. Ne prévient rien. Il barre l’horizon, mur de la honte, honte d’être témoins impuissants – insultes crachées, corps mutilés, mémoire noyée, espérance tuée. Ô tristesse des nuages. »