Librairie Blanche

Crash Test - La révolution moléculaire

par Nicolas Bourriaud

Crédits & contributions

EAN

Prix TTC

27,00

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Arrêt définitif de commercialisation. Titre non commandable.

L'art des années 2010 semble avoir intégré la notion d'anthropocène, qui désigne une ère dominée par les activités humaines et leur impact sur la planète. Notre représentation du monde évolue ainsi vers une sorte de coprésence avec des sphères autrefois séparées dans la pensée occidentale : le minéral, l'animal, le végétal, la machine et l'humain, qui semblent échanger sans cesse leurs propriétés. Au sein de cette nouvelle promiscuité, la division traditionnelle en Occident entre nature et culture perd peu à peu toute pertinence. Crash Test est né de ce constat. Cette exposition rassemble une génération d'artistes qui travaillent le réel à son niveau moléculaire, en organisant des connections entre la réalité physique/chimique et les cultures humaines. Ils/Elles décrivent le monde actuel (ses sociétés, ses cultures…) à partir des matières (brutes ou synthétiques) qui le composent, et non plus à partir de données purement sociales, ni même humaines. Et à l'ensemble de ces règnes hétérogènes qui se rapprochent aujourd'hui, on pourrait ajouter l'image, devenue aujourd'hui une pellicule qui entoure notre univers – une atmosphère autonome, une couche de pollution. Les artistes réunis dans Crash Test travaillent donc à partir de la réalité matérielle, qu'il s'agisse de ses composantes basiques ou des alliages les plus contemporains : existe-t-il encore un matériau purement « naturel » ou purement « humain » ? Sans revendiquer la posture du scientifique, ces artistes se livrent à des investigations sur les particules qui composent l'univers physique, les composés chimiques, les alliages synthétiques. Certains privilégient la réduction ou la pulvérisation de la matière, avec des œuvres qui analysent le monde physique dans lequel nous vivons, en le décomposant ; d'autres mettent en valeur les réactions et transformations chimiques, à travers des installations en forme de dispositifs expérimentaux, de la pulvérisation (réduction du visible à des éléments basiques) à la solution (dissolution d'éléments dans un solvant) en passant par le précipité (formation d'agrégats moléculaires). Au sujet de ces démarches radicalement nouvelles, on peut ainsi parler d'un type inédit de matérialisme – ou d'un réalisme analytique, qui prend acte de la fin de la division entre nature et culture sur laquelle se fonde la pensée occidentale, tout autant que de la subordination classique entre la matière et la forme, ici souvent confondues. Un matérialisme dont la question centrale serait : comment un état de la matière représente-t-il un moment de l'histoire ? Nicolas Bourriaud