Faut-il nourrir les pauvres ?

Dans un pays où 10,8 millions de personnes vivent en situation de précarité alimentaire, et où l’aide alimentaire ne touche que 2,5 millions de bénéficiaires, bien loin des besoins réels, il devient vital de repenser les fondements de notre modèle alimentaire. La chercheure Dominique Paturel développe une réflexion sur un modèle alternatif fondé sur les droits, l’universalité et la solidarité. Elle défend la création d’un droit à l’alimentation garanti par une cotisation, à l’image de la Sécurité sociale de la santé initiée en 1945. Elle s’attache pour cela à analyser le fonctionnement de la filière alimentaire française montrant comment, au lieu de sortir les populations les plus fragiles de la pauvreté, cette dernière entretient un système à plusieurs vitesses, marqué par l’insécurité alimentaire. En contrepoint, elle propose un système démocratique permettant de « reprendre la main sur les conditions d’accès à l’alimentation, en particulier par la connaissance des conditions de production, de transformation et de distribution ». La mobilisation contre la loi Duplomb a rappelé l’actualité brûlante du combat pour une alimentation saine et une agriculture durable. Alors que s’écrivent les programmes des prochaines élections municipales, ce plaidoyer de Dominique Paturel souligne l’urgence de résister aux lobbies productivistes et de construire, à l’échelle des territoires, des dynamiques solidaires et respectueuses de l’environnement.