Mémoires d’un abbé turbulent

Le plus curieux, dans cette histoire est qu’elle soit vraie. Au XVIIIe siècle, les nouveaux moines, d’extraction noble, ne ressemblent plus guère aux fondateurs des abbayes qui vivaient leur foi dans la frugalité. Un aventurier, spécialiste de la trahison, profitant de cette brèche dans l’édifice religieux, s’y est engouffré, devenant même, abbé de… deux abbayes ! Histoire vraie. En partie… Vrais les trois personnages principaux : Henri, Jean, Catherine. Aux deux premiers, Henri et Jean, le Duc de Saint–Simon offre trois pages de ses mémoires (342 à 345). De l’affaire de la préséance à Londres, le 10 octobre 1661, pour Henri ambassadeur d’Es­pagne en Angleterre, à l’obtention par Jean de deux abbayes, en Normandie et dans le Jura, en passant par ses tribulations de Milan, d’Espagne, de Paris, de Tur­quie, de Venise à Besançon, tout est conforme à la réalité historique de ces per­­­son­nages. Duels et crimes y compris. Il n’est pas jusqu’à des guides touristiques qui n’accordent dans leur édition du Jura, quelques lignes à la vie aventureuse de cet abbé atypique. Catherine, quant à elle, a retenu l’intérêt de la revue Historia pour ses entreprises au bénéfice de Louis XIV… Cependant, la famille de ces trois personnages n’est nullement éteinte : le nom en est changé, les prénoms conservés.