Les ancêtres et les dieux

Le vieillard Akebu Elente demande : «Que se disent le jour et la nuit lorsqu’ils se rencontrent à l’aube?» Il répond: «Pour les enfants, le jour ordonne à la nuit de dégager. Mais les vieux savent que c’est la nuit qui dit au jour : “sois le bienvenu, mon hôte adoré, toi qui voyages, repose-toi un peu, tu repartiras quand tu le voudras.”» Pour ceux qui se réclament du ciel et des dieux, la vérité donne la chasse à l’erreur comme le jour à la nuit. Pour ceux qui se réclament de leurs ancêtres et de la terre, c’est plutôt la nuit qui dit au jour bienvenu. L’épistémologie de la vérité, lumière du monde, domine en absolu la planète des humains. On peut se rendre compte que sa voix puissante couvre, mais elle n’éteint pas, les murmures de ses compères silencieuses et tranquilles, qui ne sont même pas impressionnées par son trône surclassé. La foi n’est pas qu’une affaire d’histoire (du salut) conduisant tous les peuples au même destin ; elle est aussi une affaire de géographie demandant comment pouvoir vivre ici et maintenant les uns à côté des autres, sans attendre la fin ou sans s’imaginer déjà y être. Ce livre, Les ancêtres et les dieux, est le premier que Léonard Amossou Katchekpele et Kokou Benjamin Akotia signent ensemble. Leurs travaux respectifs se nourrissent l’un de l’autre depuis que le premier s’est engagé dans la recherche et cela devait inévitablement conduire à une collaboration. En voici le début.