ELLE NE TERMINAIT PAS SES PHRASES
par Pierre Soletti
Crédits & contributions
- ÉditeurPORT A JAUNI
- Parution03 avril 2026
- CollectionPoèmes
Prix TTC
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"Elle ne terminait pas ses phrases" parle d’attente, dans un rythme très lent. Elle, se confond avec les tiges, les brumes, la pluie, la nuit, elle annonce le deuil. On entend la disparition de nos grand-mères, de nos mères, et la persistance de leur présence dans tous les éléments qui nous entourent, dans la parole du poème. Ici, le poème habite cet espace de la parole inachevée, dans les cerveaux qui oublient. Qu’est-ce qu’un enfant peut bien entendre d’un tel poème, lui qui, si tout se passe bien, est protégé de la disparition : un témoignage de la porosité de nos présences aux mondes ? des choses qu’il sait et sent mieux que les adultes ? un apaisement de savoir que l’on peut parler avec les paysages ? Et puis, cette "Elle" peut être bien des êtres ! Si les dentelles de soie, la blouse, le cœur et la paume, les chaussures et les mots nous invitent à la penser humaine, ce poème invite au jeu : c’est qui, elle ? "Elle ne terminait pas ses phrases" renoue avec le thèmes de "Poèmes pour affronter le beau temps & profiter du mauvais", dédié au corps et au temps, aux saisons, et "Poèmes par dessus les toits", dédié au corps et à la maison. "Elle" a longtemps attendu ses images. Nous cherchions une illustration qui raconte elle aussi une histoire. Et nous l’avons trouvée en très, très grand format, lors d’un jury de la HEAR de Strasbourg en juin 2024. Antton Ospitaletche, alors élève en 5e année, avait réalisé neuf monotypes de paysages très grand format pressés au rouleau compresseur, celui que l’on utilise pour les cœurs et pour les routes. Ces monotypes remplissaient un mur entier. Des champs de maïs, des collines, un chemin : une maison et ses encadrements enchâssés, portes, fenêtres, miroirs, on sent un regard du dedans qui regarde dehors, on sent que l’image nous invite et nous promène au dehors, au dedans. Il nous importait que l’on sente sa présence mais que jamais "Elle" n’apparaisse. On sent l’absence et la solitude, ou bien le calme et la paix. Comme chez Hopper, les images composées, réalistes, scène de vie quotidienne nous plongent dans la contemplation et l’émotion des espaces intimes. Ces monotypes explorent à leur manière le thème de la maison-cadre travaillé par Gabriella Corcione dans "Poèmes par dessus les toits". Antton Ospitaletche est basque tandis que Pierre Soletti est catalan, nous les avons reliés dans un même livre comme une chaîne des Pyrénées.
