Librairie Blanche

LE TROUSSEAU DE CLÉS

par Georgia Makhlouf

Crédits & contributions

EAN

Prix TTC

12,00

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"Le trousseau de clés" travaille le motif de la clé ! Clé des champs, clé de voûte, clé de sol, solution clé mais aussi clé de la maison que l’on a laissée dans l’exil, clé du retour. La clé est le motif de tous les exils, mais elle est particulièrement présente et vivace dans la culture palestinienne. La nouvelle maison des exilés palestiniens abrite souvent la clé de celle qui a été quittée, une clé transmise de génération en génération. La clé est aussi un motif graphique : sur les affiches, dans les albums pour enfants, la clé est brandie comme symbole de la revendication du droit au retour des Palestiniens. Nous avons proposé ce motif comme clé d’écriture à Georgia Makhlouf, née au Liban, liée à la Palestine, vivant en France depuis longtemps. Elle explore le mot, ses occurrences dans les expressions françaises et ses significations implicites, comme dans un jeu, à travers le récit de vie d’un enfant. Un enfant unique comme le dit son prénom, Farid (unique, exceptionnel, inimitable, en arabe), une histoire unique reliée à l’histoire collective du Moyen-Orient. Puis nous avons confié l’illustration de cette histoire poétique à Inbar Heller Algazi, israélienne ayant grandi à Jaffa, engagée dans la lutte anticoloniale et antimilitariste en Palestine, vivant en France depuis peu. Pour donner un écho graphique au thème de la clé, elle a choisi les portes : les portes de l’ancienne ville arabe de Jaffa sont enlevées des maisons traditionnelles et revendues à prix d’or. Elles trônent devant les boutiques des antiquaires, séparées de leur maison, elles n’ouvrent plus sur rien. Dans les dessins d’Inbar Heller Algazi, elles ouvrent sur la mer et participent d’un paysage panoramique où l’illustratrice revisite les grands thèmes de la poésie « À ma mère » de Mahmoud Darwich – le fil à linge, le nid, les oiseaux, la maison… – croisés avec les souvenirs de sa maison familiale en bord de la mer. On entend dans ses dessins les vers du poète « Si je rentre, enfouis-moi, Bûche, dans ton âtre. Et suspends-moi, Corde à linge, sur le toit de ta maison. Je ne tiens pas debout Sans ta prière du jour. J'ai vieilli. Ramène les étoiles de l'enfance Et je partagerai avec les petits des oiseaux, Le chemin du retour... Au nid de ton attente ! » (Extrait de « À ma mère », Mahmoud Darwich traduit par Elias Sanbar, 1966) Mais au-delà de la référence poétique, Inbar Heller Algazi détourne ces motifs : l’oiseau est un martin-triste, espèce invasive qui chasse les autres de leur nid ; le grillage est tissé comme les fils à linge et il envahit tout ; le fil à linge devient aussi cheveux, corde de l’âne, fil de cannes à pêche, palmes aux vent, brindilles dans le bec de l’oiseau ; les portes baignent dans l’eau et ouvrent sur le vide infini. Inbar Heller Algazi ramène la clé dans son monde d’origine et dans l’intimité des lieux, là où ses propriétaires palestiniens ne peuvent plus aller. Elle utilise, dit-elle, son « privilège » d’israélienne pour donner à revoir les lieux interdits. Les poèmes sont traduits par Najla Jraissaty Khoury, grande complice de Georgia Makhlouf avec laquelle elle a fondé à Beyrouth la revue de littérature jeunesse "Sawa", publié des "Contes populaires du Liban" (Sindbad/Actes Sud, 2019) et "La ruse du Chacal" (Sindbad Jeunesse, 2022). Ensemble, elles explorent la langue arabe et recherche une écriture pour enfants reliée à l’oralité de l’arabe libanais. Il ne s’agit pas ici d’une écriture en lahjeh (langue arabe parlée du Liban), mais d’une recherche de rythmes et de facilitations dans la lecture pour rendre l’histoire de Farid unique et sensible dans les deux langues, arabe et française : par exemple, une comptine n’est pas traduite du français en arabe, mais adaptée et référencée pour l’enfant lecteur de l’arabe. Il s’agit d’une oralisation dans l’écriture, où l’on entend l’expérience théâtrale et pédagogique de Najla Khoury.