Écrire le silence

Ecrire le silence Ici la poésie développe quatre de ses possibilités : celle d'écrire le silence, de le laisser parler à haute voix, d'effacer celui qui l'écrit et de laisser ainsi le champ ouvert à la démesure ce qu'on ne dit pas et qui déborde tout propos. Peut-être on y parvient par un langage simple, qui ne cache pas par des arabesques sa pauvreté première, la nudité qui le constitue, sa nature qui est de n'être qu'une tentative pour dire. En se sachant tentative la poésie réussit à nommer, désigner - à chanter et à aimer -, ce qui lui donne naissance : l'objet, la chose, la personne qui le fait advenir. Le poète exécute, obéit et sa désignation comme auteur, dans un certain sens, est inadéquate. La poésie naît, surgit, le chant s'impose et le dépasse, vient de plus loin de tout ce qu'il sait. Peut-être du silence, de l'immensité dans laquelle nous sommes.