Correspondance générale T10 : 1862-1865

La mort de son fils Charles en avril 1862 (avec des obsèques catholiques contre le gré de l’historien), la publication des Misérables de Victor Hugo qui, selon lui, faisait la part trop belle à Mgr Myriel et aux sentiments chrétiens, perturbèrent Michelet. C’est qu’il est devenu violemment anticlérical : systématiquement, dans les ouvrages qu’il publie alors – Louis XIV, La Régence, La Sorcière, La Bible de l’humanité – il attaque les grands principes catholiques et leurs représentants, Louis XIV, Louis XV, Fénelon, s’étendant sur certains épisodes scabreux, celui du père Girard et de la Cadière par exemple. Plus généralement, Michelet veut montrer qu’il y a dans le monde un mouvement descendant des peuples, ceux du clair-obscur, égypto-judéo-chrétien et une autre ascendant, ceux de la lumière, indo-perso-grecs. La grâce, l’arbitraire, caractérisent les premiers, la liberté et la justice les second. Vision quasi manichéenne, contestable bien sûr, mais qui permet à Michelet d’écrire de fort belles pages d’un style éblouissant, qui attristent cependant beaucoup de ses meilleurs amis.