Hippolyte ou les trois marches

Gaston, que ses proches avaient surnommé gentiment « Toutounet » lorsqu'il était petit, n'avait en fait qu'un seul plaisir dans la vie. Un plaisir qui en outre ne lui coûtait strictement rien. C'est ainsi que, dès qu'il avait un moment de libre, il se rendait automatiquement dans les avenues de sa ville où des Hôtels-Restaurants et des Boulangeries-Pâtisseries de renom tenaient pignon sur rue. De plus ou moins loin, il admirait leurs devantures, leurs vitrines, les viennoiseries, les gâteaux, les chocolats fins et les menus exposés enfin tout ce qui avait, à leur vue seule, l'heur de flatter la gourmandise et d'ouvrir l'appétit des clients. Puis, il notait tout scrupuleusement dans sa tête, avec l'espoir de s'en servir un jour dans son propre établissement mais en beaucoup mieux, plus élaboré et plus moderne... Il ne doutait de rien car il avait l'intention et l'ambition secrète et suprême de tirer profit de tout ce qu'il voyait pour améliorer, un jour plus ou moins lointain, tout ce qui lui plaisait. A cet instant-là, Gaston ne se doutait pas encore que sa vie allait devenir un véritable cauchemar.