Cet étonnant mois de décembre 1818

Dans les coulisses de la Restauration, un service secret opérait au grand jour et dans l’illégalité : le mystérieux cabinet noir. Sa mission ? Ouvrir les lettres des Français, en copier le contenu, puis remettre discrètement les missives en circulation. Ces duplicatas, transmis aux ministres et au roi Louis XVIII, étaient autant de miroirs indiscrets d’une nation sous surveillance. Un lot de ces correspondances, miraculeusement soustrait à la destruction, repose aujourd’hui aux Archives nationales. On y découvre 327 lettres, rédigées entre décembre 1818 et février 1819, au moment où la France vacillait dans une crise politique profonde. Issues des élites de l’époque, ces pages ne parlent ni d’amours ni de secrets privés, mais de débats brûlants : politique, société, actualité. Des voix aristocratiques qui, en commentant leur présent, nous offrent un portrait sans fard d’un pays inquiet, fracturé, désabusé.