Ce qui tue le travail
Crédits & contributions
- ÉditeurMICHALON
- Parution18 mars 2010
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Les déclarations publiques provoquées par les suicides professionnels sont d'un manichéisme confondant. D'un côté les exigences de la concurrence, les contraintes de compétitivité, les changements indispensables, bref l'horreur économique. De l'autre côté, des hommes et des femmes de chair et d'os soumis à la pression des objectifs, les résultats inatteignables, les destins fracassés, bref la souffrance humaine. On n'aurait plus le choix qu'entre deux pis-aller : moins d'économique au nom de l'homme, ou plus d'humain malgré les contraintes de l'économie mondialisée. Vraiment ? Les suicides professionnels devraient au contraire nous alerter sur le fait que la force implosive des nouvelles pénibilités et la dimension identitaire des changements d'organisation et des mobilités n'ont guère été perçus, écoutés, entendus. Que l'on ne sait pas encore bien les traduire dans des objets et des instances de négociation de plus en plus complexes et saucissonnés. On observe l'émergence d'une critique de l'organisation du travail qui ne débouche en rien sur une demande de protection, de réparation, et encore moins d'écoute compatissante. C'est une critique au nom de la compétence, d'après laquelle des salariés de tous niveaux demandent à être dotés des ressources et des soutiens permettant d'affronter les contraintes. Ils demandent à ce que leur expérience serve à l'entreprise, qu'elle soit entendue, reconnue, capitalisée et remonte vers le niveau dirigeant. Ils veulent être acteurs dans la manière de définir des objectifs réalistes cohérents avec une stratégie offensive face aux concurrents dans le monde. Il est temps de trouver le chemin d'actions organisatrices " équipant " les personnes pour faire face aux contraintes, plutôt que de les infantiliser.
