Librairie Blanche

Le souvenir meurt-il comme un oiseau des bois

par René Sartre

Crédits & contributions

EAN

Prix TTC

19,00

Indisponible

Arrêt définitif de commercialisation. Titre non commandable.

Postface « Le marchand de plaisirs qui sifflote / et fait glapir sa crécelle annonciatrice ». Une douce mélancolie envahit la rue des songes du poète René Sartre. Son enfance imprime et grave sur sa peau le troupeau blanc des mots. Il y a dans ce livre de l’antique pastorale du monde. Le poète voyage dans les limbes, obscurément et lumineusement, pour tenter de retrouver l’âge d’or d’une surprenante nostalgie. Ces poèmes sont une histoire où vivent personnes et objets, en symbiose, du visage triste de la mère du poète à la machine à coudre Singer, d’un paysage du Périgord aux ports des villes, de Nantes et Saint-Nazaire à la Brière océane, de l’harmonica sublime au thé mélancolique, des rives du fleuve au fils aimé… Le poète est parfois absent à lui-même mais nous offre des floraisons de présents familiers. L’harmonica est sublime. Exactement sublime. « L’harmonica chante toujours / et les vieilles maisons s’allument » jusqu’à faire monter de ses notes « des gouttes de lumières ». À qui rattacher dans la poésie française ces élans d’authentiques poésies même si, parfois, certaines formes classiques choisies par le poète retiennent une délivrance totale de ces élans ? À Charles Guérin ? À Émile Verhaeren ? Aux Regrets de Joachim du Bellay ? Au Jardin de l’infante d’Albert Samain ? À Francis Jammes ? Voici quelques vers d’anthologie, à lire et écouter précieusement : « L’heure s’enfuit, le jour a déserté la ville », « Les lilas sont privés de leur mauve tendresse », « L’air est bleu, tout vibrant du bruit qu’il exagère ». J’imagine le poète Sartre attentif à la musique des vers de Paul Verlaine, chercheur de vérités étoilées, « Et j’ai compris la folie des hommes / qui se haïssent sans se connaître ». L’auteur fut traversé par les épreuves de l’absolu marqué par les « soleils de la vie comme aux nuits de la mort ». De nombreux poèmes de ce recueil ont été écrits pendant l’entre-deux-guerres. Son époqueest présente. Sa solitude devient pathétique. Antigone (qu’il cherche) est un poème, étrange contre-chant et fort comme la mort. La poésie de René Sartre est influencée par les lames de fond du symbolisme. Dans ces lignes se cachent des poésies à double entrée où les arbres et le vent protègent les mondes de l’enfance des impuretés comme une terre « que nulle boue encor ne trouble ». Un poète vagabond surgit dans l’âme de l’écrivain, étranger à lui-même, comme un Grand Meaulne de la dernière fête. Seul un enfant de six ans, par son immortelle enfance, pourra alléger peut-être la tristesse et le coeur lourd de l’homme adulte. Cette étrange absence à lui-même est présence sûre et subtile aux bords du rêve et du fleuve. Il sait regarder et s’emplir des parfums du soir, des paysages imprévus, des saisons jusqu’au coeur de la nuit et de la grande Nature. « Ô la belle chose qu’une route / Sous un ciel de juin attiédi, / Une route qui dort et rêve / À l’heure morte de midi. » Ces photographies des instants du monde dé