Librairie Blanche

Article I

par Maniloff

Crédits & contributions

EAN

Prix TTC

20,00

Indisponible

Arrêt définitif de commercialisation. Titre non commandable.

P OST FAC E Quand Maniloff fait l’article « Le café du Commerce peut être un lieu où souffle l’esprit ». Assurément, ce mot de Me Luc Frolow, alias Maniloff, dans le présent ouvrage, est d’un homme d’esprit, plus proche toutefois d’un Diderot ou d’un Fontenelle que des brèves de comptoir. Fort éloigné politiquement, à ce qu’il me semble, Maniloff, du Barrès de la Colline inspirée à qui l’on doit la moitié de la formule. S’il est, en effet, un lieu où souffle l’esprit, c’est bien ce livre, modestement intitulé Articles, ce qui sied à un homme de loi. Un journaliste aurait écrit Papiers… Des formules ciselées, empreintes d’un humour ravageur, ce recueil d’aphorismes en regorge, où se déploie, de la litote à l’oxymore, la vénérable litanie des figures de style. Et, comme dans Cyrano, à la fin de l’envoi, il touche, l’habile chroniqueur aux allures, la robe aidant, d’abbé de cour. De Cour d’appel, bien entendu. Une manière de directeur de conscience sans illusion sur les méandres de l’âme humaine et la dérive de nos institutions. Inclinant, le plus souvent, notre échotier, à l’indulgence sinon à l’absolution, sans s’interdire, à l’occasion, de porter la plume dans la plaie avec la rudesse inattendue des hommes de haute culture s’adonnant aux menues facéties de la sagesse. Ainsi, l’excellent Jean-Claude Guillebaud (bien qu’il ne soit pas nommé) en fait-il les frais pour être l’auteur, parmi quelques livres de référence, de La Tyrannie des plaisirs. L’exécution de l’essayiste se fait en quelques phrases, lapidaires comme il se doit : « Il doit avoir la cinquantaine et je lui trouve une bonne bouille. Il est bardé de diplômes et de titres. Universitaire, chercheur, ou, plus vraisemblablement l’un et l’autre. Ce qu’il est convenu d’appeler un intellectuel… » Puis vient l’estoc : « Ce titre, assez joli, assez littéraire (et, dès lors, parfaitement compréhensible) suggère le thème de l’essai. Il est, lui, un peu rebattu. En substance, et comme les bonnes gens disent « Il y a trop de liberté des moeurs… On va trop loin…Il faut restaurer les valeurs…etc. — Bien entendu, poursuit le cher maître, tout cela n’intéresse que la sexualité. Ce qui est grave, ce n’est pas que les gens se tuent ou meurent de faim, vivent dans la crainte ou le désespoir, c’est qu’ils copulent de telle ou telle manière. Et, si l’on voulait ramener les choses à de justes proportions, les censeurs répondraient qu’il s’agit de la famille, fondement de la société… » Un rien libertaire, le sieur Malinoff !