Librairie Blanche

Te naissant sans trêve

par Elena Martin Vivaldi

Crédits & contributions

EAN

Prix TTC

19,00

Indisponible

Arrêt définitif de commercialisation. Titre non commandable.

Quoi de plus mystérieux, de plus excitant que l’invite à pénétrer un texte, un univers poétique neuf encore, nullement canonisé et qui s’offre, confiant, à des lecteurs que nulle doxa ne guide, nulle idée préconçue, lecteurs que ne prédispose ou n’indispose nul préjugé particulier, lecteurs à l’écoute, en état d’attente poétique, et dont l’oreille intime (si chère à Valéry) est « tendue vers le possible, vers ce qui va se murmurer « tout seul ». La poésie qui s’offre ici se murmure, en effet, « toute seule » – ou presque, cette postface ne valant pas mode d’emploi. Elle se murmure à l’intérieur d’un nouvel espace de silence vigilant, accueillie par un désir qui a pour objet le domaine des possibles qu’offre un texte vierge de toute atteinte critique, de toute révérence académique. Voici un texte transplanté dans un ailleurs linguistique et culturel qui l’accueille, s’en étonne, s’y adonne souvent, y résiste parfois et qui voudrait que son murmure force à tendre cette oreille valéryenne dont les enclumes ne résonneront d’aucune clameur mais vibreront longuement d’un chuchotement insistant qui entraîne l’émotion de l’écoute, l’appropriation au profond, la passion au sens de participation intime, entière de l’être à ce qui est ainsi susurré. Il y a certes du romantisme dans cet élan plein et secret prédisposant à l’accueil… un romantisme dont Elena Martín Vivaldi elle-même est à bien des égards – pour employer un tour négatif dont elle fait bel usage – la non rhétorique, non sentimentale, non romanesque représentante dans ce xxe siècle d’une poésie espagnole saisissante de puissance et contraste. Que la poétesse, dans Pluie avec variations, ait pu néologiser sur son prénom l’adverbe « hélènement » (elenamente), parvenir même au superlatif absolu « hélénissimement » (elenisímamente), n’est pas narcissisme exacerbé, mais expression fortement affirmée d’une sensibilité individuelle qui n’a pas craint de se tourner vers un « je », moins haïssable qu’il n’y paraît, un vrai « moi » romantique, au-delà de tous les personnages convenus mis en scène par l’existence sociale. Le néologisme adverbial est un terreau poétique qui, d’un être historiquement et socialement déterminée, fera naître une femme poète. Elenita, la petite Hélène, la Srta.1 Martín Vivaldi, Mlle Martín Vivaldi, Elena Martín Vivaldi, femme de lettres grenadine, s’accompliront et se dépasseront elenamente, elenísimamente, et l’oeuvre poétique, alors, hélènement, hélénissimement se déploiera… une oeuvre intime et forte que la présente anthologie entrouvre.