Librairie Blanche

Afghanistan, le pays d'ailleurs

par Alain Lebeau

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10,00

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On ne peut presque plus photographier l’Afghanistan et de toute manière, je suis un piètre photographe. Dans La Moto rouge de Môla Nasrodine (2003) et dans Ouvrez la cage aux perdrix (2007), j’ai donné ma vision de l’Afghanistan tel que je l’ai vécu en utilisant le média de la poésie instantanée où « l’oeil, l’émotion et le langage se conjuguent instantanément, sans organisation, sans hiérarchie, dans l’instant de leur apparition, dans le temps et l’espace de l’auteur ». En 2009, j’ai conservé cette façon de témoigner, mais l’oeil a de moins en moins l’occasion de voir, alors, j’ai un peu plus regardé l’Afghanistan en moi, j’en ai fait ce « pays d’ailleurs » où j’aime à retrouver l’authenticité sauvage et raffinée à la fois des gens et des paysages. L’Afghanistan du bout du monde, au centre de mon monde, extrême ; le paradis et l’enfer. Le monde, quoi, tel qu’il est dehors, tel que je l’ai conservé en moi. Mais l’enfer importé, c’est le pire. C’est toujours comme ça, il y a toujours des barbares qui vous imposent leur manière d’aimer, de haïr, de mourir. Et ça ne colle pas avec votre façon de vivre ! C’est ce que les talibans sont en train de faire en Afghanistan. C’est ce que ceux qui veulent les contrer sont en train de faire aussi. L’Afghanistan y risque sa vie dans l’explosion des hommes-suicides et des bombes du ciel. Et pourtant, je veux y croire encore à ce « pays d’ailleurs » parce que j’en ai besoin pour vivre, rêver, chercher en moi, me trouver avec les autres, si différents si pareils, quoi qu’on dise, dans l’amour et la mort. C’est un pays de rides De cals, de gerçures Où tout est poussière de mortel C’est un pays de cages De tombes À fleur de terre émiettée Et de cerfs-volants fouettés Au plus haut du ciel