Le jardin de l'orme

La vie s’écoule à la manière du rouleau du peintre chinois qui repousse les frontières jusqu’à l’invisible. Sous l’immobile apparent, les paysages conduisent à la réalité du mouvement. À chaque matin, les portes s’ouvrent, invitent à pénétrer les espaces qui deviennent neufs à condition que le regard sache les aborder et à ne pas les classer dans le déjà vu. L’ordinaire du temps n’évince pas l’exception et l’exception ne rejette pas le simple et l’habitude. Le proche et le lointain sont trop catégoriques pour préciser les distances de la pensée, régie par aucune loi dimensionnelle. Le franchissement des portes, quelles que soient l’attente, la patience, la persévérance sur leurs seuils, est naissance aux sources inconnues qui président à la connaissance, appréhension indispensable à l’enrichissement de l’esprit. Quel intérêt de franchir les passages si les sens ne sont pas en éveil et résistent aux propositions nouvelles de voyages même imprévus ?