UN BEAU SOIR L'AVENIR
par POBEL DIDIER
Crédits & contributions
- ÉditeurPASSE DU VENT
- Parution15 mai 2014
- CollectionRécit
Prix TTC
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LE LIVRE [Extrait] : C’est ma vie et c’est moi Donc, ça y est, c’est fait. Je suis parti. J’ai franchi le porche de l’entreprise pour la dernière fois. Il est probable que j’ai donné un coup d’oeil dans le rétroviseur de ma voiture pour voir danser à l’envers les lettres rouge fluo de l’enseigne du Journal, mais je ne m’en souviens pas vraiment. Pas plus que je n’ai en mémoire l’état d’esprit qui était le mien au cours du trajet jusqu’à la maison. Je reprends mon carnet de l’époque. « Mercredi 30 juin. Quelle drôle de date ! Ce soir, j’arrête. Ce soir, je passe à autre chose. À quoi ? Bien difficile de le dire avec exactitude. J’écris seul à la cuisine. À travers la baie donnant sur la cour, j’entends le chant pur d’un oiseau. Mélange de frénésie et de crainte. Je perçois un choc dans la rue. Un carambolage sans doute ». Il était huit heures trente lorsque j’ai noté ces mots. À mon retour, à minuit moins le quart, j’en rajoutais sept : « J’ai quitté le Journal ce soir. Torpeur ». Nous sommes aujourd’hui à la mi-novembre. Je compte sur mes doigts comme un gosse : voilà un peu plus de quatre mois qu’a débuté ma « nouvelle vie ». Ce fut, en effet, l’expression la plus fréquente dans les multiples messages que j’ai reçus. Je n’étais dupe de rien. Je n’avais pas l’impression d’avoir vécu un avant. Il ne me semblait pas qu’un après commençait. Tout juste étais-je un peu chancelant comme lorsqu’on a trop bu. Certes, j’avais sifflé quelques verres lors du pot de départ mais sans excès, je dirai pourquoi un peu plus loin. Et puis « chancelant » n’est peut-être pas le bon terme. J’avais plutôt le sentiment d’être suspendu à un fil à la manière d’une figurine aux mains d’un marionnettiste maladroit et las. J’avais passé près d’une trentaine d’années au Journal. Grandeur et servitude. Joies et peines nouées. Vrai(e)s ami(e)s et simples collègues. Tout au début, ce fut la locale. Comptes rendus d’associations, accidents de la route, main courante du commissariat, conformisme de bon aloi, pas de vagues avec les notables. Mais je ne vais pas m’étendre. Tout a été écrit sur ce boulot de copiste moderne, sur cette atmosphère provinciale d’almanach, sur ce spleen en Corrèze ou ailleurs. […]
