Librairie Blanche

LES ROUTES PRÉMONITOIRES

par FERNANDEZ CARINE

Crédits & contributions

EAN

Prix TTC

10,00

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Dans cette collection, tous les recueils ont la particularité d’être suivis d’un entretien en fin d’ouvrage entre l’auteur(e) et Thierry Renard, responsable littéraire des Éditions La passe du vent. POÈME : Voleurs de nuit Coulant des tombereaux Des grappes lourdes d’hommes Dévoient les cités noires Le crieur de journaux Passe frôlant les femmes Les pince en tapinois Et s’enfuit dans le soir Comme ça pue la vie ! Le nez à l’agonie Respirer quelque part Un souffle qui efface Les miasmes des trottoirs Je vais le nez museur Le cœur à la surface Gémir contre les sourds L’ENTRETIEN (extrait) : Thierry Renard — Ma chère Carine, c’est tout d’abord votre titre, Les routes prémonitoires, qui a retenu toute mon attention, qui m’a littéralement (et, peut-être, dans tous les sens…) interpellé. Oui, j’aime beaucoup ce titre-là. Il me fait penser, d’emblée, au surréalisme, mouvement auquel je reste très attaché, et à André Breton en particulier, aux puissances de l’esprit du Merveilleux. Vous retrouvez-vous dans mes propos, surréalisme et Merveilleux confondus ? Comment tout ça s’est-il inventé, voire articulé ? Carine Fernandez — Je suis contente que vous évoquiez le surréalisme, qui est pour moi, non seulement un mouvement littéraire, mais un mode d’être au monde. Le surréalisme, ce qui fait décoller le réel, qui se place juste au-dessus, en prise avec le réel mais qui l’enchante littéralement. Le mot « Merveilleux » est un des plus beaux mots de la langue française. Il vient de « mirabilia », c’est ce qui est digne d’être regardé, ce mot porte l’aura miraculeuse des images enfantines, celles des contes de fée et des premiers ravissements. C’est toujours mon regard sur la vie, tout me fascine et devient source d’enchantement, la merveille est au détour de la rue. Chaque seconde de vie est un miracle. La prémonition – savoir à l’avance ce qui va arriver mais d’une manière diffuse – a pour moi partie liée avec l’écriture et notamment avec la poésie. Un écrivain porte en lui son œuvre avant de l’écrire, comme l’araignée porte dans son abdomen la toile. Il en a une conscience diffuse, il la devine, elle l’accompagne, comme un esprit familier, un fantôme. La prémonition renvoie aussi au « fatum » ou encore au « maktub » arabe. Sans croire que tout soit écrit à l’avance dans le grand livre de l’univers, comme le capitaine de Jacques le fataliste, chaque être porte en lui, inscrit à la manière d’un patrimoine génétique, le spectre de ses « éventualités ». Elles sont multiples. C’est ce que dit Rimbaud, dans Une Saison en enfer : « À chaque être, plusieurs autres vies me semblaient dues. » Thierry Renard — Carine, vous êtes surtout connue pour vos romans, vos récits de fiction, pour certains parus à l’enseigne des éditions Actes Sud, La saison rouge, La servante abyssine, La comédie du Caire… Vous avez également écrit puis publié, en 2014, dans la collection Plein feu des éditions Jean-Claude Lattès, une assez brève