Don quichotte

Qui donc est-il, ce vagabond pitoyable et pathétique ? Un fou dont tous abusent et s amusent ? Un mythomane pourfendeur de moulins à vent ou de géants imaginaire ? Oh ! Sans doute, du moins pour l apparence ! Mais d abord, un être dévoré d Absolu, rongé jusqu aux moelles par un radium qu il n a pu ni voulu éteindre en lui : cette exigence que Romain Gary appelait « la Promesse de l Aube ». Voila pourquoi ses défaites sont d autant de victoires. Victoires sur la morne résignation, le vieillissement de l âme et du corps, le conformisme dicté par la termitière. Toutes ses défaites, oui sauf une : son reniement terminal, son repentir suicidaire à l article de la mort. Son édifiante et consternante fin. Mais cela même, est-ce si vrai ? Ne serait-ce pas là sa dernière feinte, son ultime envol ? En cette chevauchée à bride abattue vers le soleil, la condition humaine se trouve tout entière contenue. Plus encore qu à ses contemporains du XVIIe siècle, cet anti-héros grandiose tend aux hommes de notre début du troisième millénaire le bouclier de son étincelant miroir.