Titien, la nymphe et le berger

« Ce sont deux voix qui se répondent à distance, l’une vient d’une jeune femme, l’autre d’un homme plus âgé, elles se parlent d’un très vieil homme et d’une nymphe, elles parlent d’un peintre et de peinture, de ce que l’on dit, et sur quel ton, ce qu’on écrit, de matière et de temps, d’épaisseur et de mouvement, d’attirance vive, de poils, de peau, de passion. Cette correspondance, à la lire, vite on oublie qui l’on entend, du père célèbre ou de sa fille, l’un s’interroge, l’autre a des accents si clairs ; par moments cela ressurgit, dans les rues d’Athènes, ou dans les dessins de l’écrivain, un jour à la Giudecca. Bientôt cela se confond avec ce dont il est question : la chair ? L’essentiel est là. Puis le tableau recouvre tout – les voix pourtant résonnent encore. » Anne Bertrand