L' Art de la peinture

Important traité paru en 1649, l'ouvrage de Pacheco constitue un jalon de tout premier plan dans l'histoire des théories esthétiques de l'Europe pré-baroque. Il prend place dans la tradition, à la suite des grands traités italiens du Maniérisme. Les nombreux et précieux éléments sur Velázquez, gendre de Pacheco, que l'on peut y puiser, ont longtemps porté la critique d'art à en négliger l'intérêt théorique. Il nous offre une réflexion tout espagnole et personnelle sur la peinture de ce temps, ses thèmes, sa problématique, au moment où le Naturalisme des Carrache et celui — si différent — de Caravage présentent une nouvelle vision de l'art, en rupture avec le Maniérisme. Ce lien entre Rome et Séville s'éclaire d'un coup grâce à la personnalité éminente de Pacheco. Peintre, théoricien, philosophe, poète, collectionneur et « familier » du Tribunal de l'Inquisition, il dirige une académie qui est le lieu privilégié où s'épanouit la pensée humaniste sévillane. Cet érudit reflète parfaitement le climat et les idées de son époque : ses Additions d'iconographie religieuse furent pendant plus d'un siècle un guide à l'usage des artistes de la Contre-Réforme. Traduit de l'espagnol pour la première fois, l'Art de la Peinture est une chronique de la vie artistique à Séville, ponctuée d'humour et de savoureuses expressions andalouses. Commentaires et anecdotes sur les contemporains (Espagnols et Italiens) de l'artiste y abondent et font de ce grand traité d'esthétique un incomparable témoignage de son temps.