Schopenhauer et la création littéraire en Europe
par Anne Henry
Crédits & contributions
- ÉditeurKLINCKSIECK
- Parution01 janvier 1989
Prix TTC
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Schopenhauer, « le vieux prophète », disait Nietzsche. Paru en 1819 dans l'obscurité la plus totale, son ouvrage majeur, Le Monde comme Volonté et comme représentation , lui a valu d'atteindre en 1900 à une célébrité posthume telle qu'aucun penseur n'en a jamais connue — influence que son extension même a fini par occulter aujourd'hui. Car Schopenhauer a fait cristalliser la crise des croyances qui marque la fin du XIX e siècle, dessinant pour l'avenir la physionomie de l'homme moderne. Un homme qui sous un ciel vide éprouve dans le ressentiment la condition qu'il s'est lui-même assignée : un intellect régi secrêtement par des pulsions irrationnelles, une concurrence vitale qui l'isole de ses semblables et de la nature, une sexualité dominatrice mais sans joie, une irresponsabilité aveugle vis-à-vis de son propre comportement comme de l'histoire collective, bref l'enracinement de son existence entière dans une inconscience fondamentale. Nietzsche et Freud n'ont pas été les seuls héritiers de Schopenhauer qui a remodelé ce territoire invisible sur lequel la littérature édifie son discours. Aussi est-il présent, on l'ignore généralement, dans la généalogie de tant de grands écrivains — de Tolstoï, Strindberg, Maupassant, Conrad, Proust, Pirandello, jusqu'à Kafka, Thomas Mann, Céline, Beckett, Bernhard. Ce sont les voies de ce renouvellement inventif qui sont ici tracées.
