Le fléau et la pierre

Maurice Nadeau, grand découvreur s'il en est, eut beau dire l'importance d'Osman Lins quand, voici près de vingt ans, il fit connaître en France cet écrivain brésilien par la publication du «Rétable de Sainte Joanna Carolina»... on eut tôt fait de l'oublier. Osman Lins est mort en 1978. Voici enfin la version française du roman tenu pour le plus important de son oeuvre — «Le Fléau et la Pierre». On a parlé, à propos de ce livre, de nouvelle «Enéide», de roman populiste et même de «western». La vérité est que nous avons ici un livre inclassable, un récit dont l'écriture, par ses rythmes, ses cadences, donne puissance et beauté à l'affrontement d'un Juste avec les tentations du mal, une histoire où la nature, indiscrète et bruissante, apporte des notes aiguës ou tendres dans le concert des passions, une tragédie qui force les particularismes jusque dans ses dimensions universelles, de telle sorte que dès les premières lignes, rien ne nous est plus étranger et moins indifférent que le destin de Bernardo et de Teresa. Une révélation pour ceux qui ont conservé le goût de la découverte.