Le Dernier tramway

Le personnage principal de ce récit est une machine. Un tramway comme on n'en fait plus, mais comme on en faisait alors autrefois dans les petites villes et cités où les calèches circulaient encore et où les automobiles étaient une grande curiosité. A Beyrouth, tout au début des années soixante, il a cessé de circuler. Mais que de regrets et que de souvenirs pour ceux qui l'empruntaient tous les jours et naviguaient paresseusement le long d'escales pittoresques qui étaient autant de repères pour la mémoire. L'auteur en a pris le prétexte pour faire défiler dans ce tramway toute une série de personnages qui se côtoient ainsi sans se connaître et dont le destin n'est lié que par la marche des jours. C'est la vie du petit peuple avec ses grandeurs et ses misères, ses rêves et ses dérisions. Et chacun passe la main à l'autre et chacun cède sa place comme le veut le déroulement de la destinée humaine. D'une écriture symbolique, souvent à peine, allusive, survolant le fait quotidien afin de lui donner une dimension presque théâtrale où comédie et tragédie se conjuguent, Christiane Saleh qui a essentiellement un regard de poète a vu dans son tramway l'humain dans toute sa grandeur et sa fragilité.