Librairie Blanche

Ici déjà plus

par Jean-Louis GIOVANNONI

Crédits & contributions

EAN
  • ÉditeurUNES
  • Parution17 avril 2026

Prix TTC

19,00

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L’œuvre de Jean-Louis tient tout entière dans la dualité entre intérieur et extérieur, entre fermeture et ouverture. Elle tient dans la fragilité des présences, la précarité des objets et des êtres, des vêtements et des fantômes. Il s’agit de trouver un intervalle, une poche d’air en s’ajustant au monde, en se confrontant à ses parois, en se frottant à la limite des choses. C’est un voyage, qui nous invite à « refaire le chemin des mots », promettant d’arpenter la route familière et ses ramifications infinies, ouvrant à de nouveaux territoires, aux sens toujours déviés, réinventés ou redécouverts. C’est le chemin d’une vie immobile, face à l’espace immobile : « peut-on appeler cela voyager ? ». Voyager car tout est distance, tout est « là-bas mais vu d’ici », et voir chez Giovannoni n’est pas une expérience concrète, voir n’est pas une approche du réel, car la réalité n'est pas appréhendable. Que font les choses dans notre dos, que deviennent les êtres sur les photographies au fond des tiroirs, qu’attendent les vêtements dans les penderies, autant de questions qui naissent dans les couloirs intérieurs d’un écrivain qui cherche à découdre les fils invisibles de l’espace aussi bien qu’à recoudre les blessures, mais « le trou ne se referme jamais ». Montagnes, fleuves, immeubles, tout s’écoule, tout entame toujours sa disparition. Giovannoni avance à tâtons dans cet enfermement, avec les mots pour lampe-torche, sans jamais « sortir à découvert », dans ces immensités que ces fragments laissent deviner, parce qu’on ne peut survivre dans la seule rêverie du dehors. Il y a un désir d’envol empêché, d’envol interdit, on reste sur le seuil, face à l’étendue, malgré nos agitations, nos battements de bras. Giovannoni retourne alors vers l’intérieur, vers les voix qui l’appellent, alimentant un dialogue continu avec les absents. Comme mû par ses fantômes, il les regarde monter dans son visage, il les laisse le submerger, une foule s’accumule en lui, avec les souvenirs. Ceux de l’enfance en Corse et de ce monde terrestre, tangible et puissant. Le bateau qui approche de l’île, l’ombre des châtaigniers dans le maquis, les courses sur le mont Saint-Ange, ou la salaison des cochons. Giovannoni soulève la poussière des souvenirs dans le mouvement perpétuel des mots, sans jamais les laisser reposer, car si l’on se repose, c’est pour de bon. Il ne brise jamais le dialogue, car où disparaît notre voix « quand elle se tait » ?