Ce que peut un coeur

À la fin des années 1980, C. suivait une formation aux beaux-arts de Genève. Elle a étudié le dessin anatomique en prenant pour modèle le corps d’un jeune homme de 23 ans, qui avait été préparé spécialement : des médecins-anatomistes l’avaient écorché pour dévoiler ses muscles superficiels. Il n’avait ni nom, ni passé, ni mémoire. Près de quarante ans plus tard, C. montre quelques clichés volés du modèle au narrateur. Cela suscite en lui la sensation particulière d'une porosité douloureuse qu’il ressentait aussi à cet âge-là, de ne pas avoir d’enveloppe, d’être à vif. La mémoire du corps est convoquée et un projet d’écriture s’ébauche par épisodes alternés, mêlant l’enquête et le conte noir. Un texte nourri de mystère et d’absence vient alors tisser une peau fragile et invisible qui, par l’infime, nous lie tous au vivant.