Sans légende

La poésie de Jacques Morin se livre sans légende, sans commentaire, à l’état brut de l’émotion originelle : le choc des images sans que jamais les mots pèsent. Or ils pourraient, car du cœur noir de la nuit intime aux lumières blessantes du monde tel que les médias nous en déversent jour après jour la litanie d’horreur, ces poèmes ne cherchent pas à enjoliver, à se draper dans une légende trop belle pour y croire. Ici, c’est le monde réel, où l’absence fait mal, où l’indifférence tue, où les mots manquent. C’est précisément pourquoi il est si important d’en tenir compte, d’en tenir le compte, quand bien même il serait trop tard, et même si cela ne changera rien, au fond. Le poète ne peut rien d’autre que veiller dans la nuit. Et dire ce qui est, ce qu’il en est. "On restera là Avec ça sur les bras Une souffrance éberluée"