Au défilé de l’eau

La Loire, je l’ai en bouche, de ces bons mots qui coulent entre l’entrejambe des ponts. La Loire, depuis ma tendre enfance, je l’ai consumée. Depuis, elle s’est envolée en fumée. La Loire, je l’aime en noir et blanc, en image sépia lorsque nous sommes seuls au lever de notre jour. C’est tout à la fois mon passé et un présent, un tableau accroché aux cimaises de ma vie. La Loire, tous les jours, joue du trombone à coulisse. Elle répand la bonne odeur. Tout à coup tout devient limpide. Hors cadre, dans son immensité, elle est souvent malentendu dans ses crues ou dans les bosses de son désert, à l’été venu. La Loire tout au bout de l’estuaire, je lui porte un toast. Je lève mon verre, à ses matins brumeux, remplis d'eau de mer.