I do not want to disappear silently into the night

Photographe sans caméra, Katrien de Blauwer recueille et réutilise des images et des supports provenant de vieux magazines et papiers : le cadrage ne se fait pas dans l'objectif, tandis que la vision se produit directement par la main, devenant ainsi plus tactile. Elle donne une nouvelle vie au résiduel, en sauvant les images de la perte et en les intégrant dans une narration qui mélange intimité et anonymat. Son travail est un acte de mémoire par soustraction. Il rappelle la technique du (photo)montage, la coupe étant cette marge qui cadre l'essentiel et condamne le reste à l'invisibilité, hors-champ.Les collages étant très cinématographiques, la mise en page s'inspire de la vision d'Antonioni, ne cédant pas à la fascination du récit et créant constamment des arrêts et des surprises qui suspendent le regard, brisent la séquence et dynamisent ainsi la lecture. À l'instar du réalisateur, dont lecentre d'intérêt se situe toujours à côté de l'événement montré, le livre se focalise sur les éléments invisibles du travail de Katrien de Blauwer, tels que le dos de ses supports et les textes de ses carnets. Ceux-ci, semblables à des scénarios, interagissent avec des extraits qu'Antonioni même appelle ses« films écrits », une série de sujets inachevés qu'il n'a jamais pu tourner, capables toutefois de visualiser une image qui n'existe pas.