Queer Quantum

J’aimerais dire, mon grand, que je t’ai vu entrer sur ma ferme, large et splendide, un froid soir de juin, quelques heures avant l’été. J’aimerais te repasser mes impressions comme s’il s’agissait d’un acte non-fortuit, comme si le soc de l’existence avait saigné ma glaise depuis le jour de ma naissance jusqu’à ce moment : un trait, un simple trait de charrue qui m’aurait mené jusqu’à toi, le plus naturellement du monde. La vie ne m’a pas mené vers toi. La vie nous a fait chuter à deux le long d’une brèche qui aurait pu nous tuer, qui nous a tués tous deux et m’a haché menu. Ce récit est celui de mon effondrement. On ne sait jamais quelles forces se libèrent des décombres.