Nikola Ukić : About the Sense of Possibilties

La croissance et le déclin s’affichent dans la pratique artistique de Nikola Ukić, presque comme une métaphore de l’écologie du capitalisme, ainsi que le soulignent de nombreux critiques et alors même qu’il n’établit aucune référence directe entre les deux notions. Ses réflexions tournent autour de questions fondamentales de la création artistique et il reprend les traditions avant-gardistes des années 1960, du ready-made au minimalisme, par lesquelles la sculpture s’est détournée délibérément et radicalement du représentatif et du monumental. Nikola Ukić cherche à réinterpréter de manière critique des stratégies sculpturales en même temps qu’il prend comme sujet la crise d’expériences corporelles cohérentes et le rapport entre authenticité et fiction. Des oeuvres comme ses cubes de polyuréthane « They breathe out as they rise » (« Ils expirent en grandissant ») en sont un parfait exemple : mélangés à des pigments aux dosages différents, ils atteignent leur volume maximal lorsqu’ils prennent les dimensions de leur moule avant de se vider de nouveau progressivement, à leur propre rythme. Ils naissent au gré d’une transformation durable qui les fait apparaître aussi mobiles et fragiles que le corps humain. Mais sans aucun processus de vieillissement linéaire – un cube rétréci n’a rien à envier à un cube lisse et nouveau. Ce n’est pas un hasard si les expositions d’Ukić sont si souvent comparées à des jardins zen, car elles associent la nature et l’oeuvre de l’homme - non par l’apologie et l’absence d’harmonie, mais sous une forme totalement nouvelle de croissance et d’existence – qui peuvent effectivement être comparées à une nouvelle écologie et semblent fondées sur l’examen des limites de la nature et de la culture, du vivant et du mort, de la croissance et de l’endurance. L’écologie d’Ukić est issue de sa réflexion sur la forme, et non du principe de l’harmonie et de l’effacement des différences. Il insiste sur sa nature non-réductible et notre capacité à y résister. On peut dire en ce sens que sa pratique explore les limites du possible pour juxtaposer sans neutraliser. Nikola Ukić s’intéresse à la manière dont des masses physiques peuvent être gravées dans une surface sans réalisme mimétiste.