Librairie Blanche

Trois Poèmes de Robert Desnos

par Robert Desnos, Guy Sacre

partition pour voix et piano

Crédits & contributions

EAN
  • ÉditeurSYMETRIE
  • Parution01 novembre 2011

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Quand je considère, avec le recul du temps et peut-être de l’oubli, les mélodies que j’ai écrites, je suis frappé d’avoir rarement choisi (à quelques exceptions près, Fargue, Verlaine, Schehadé, Cocteau) mes poètes de chevet, ceux que je lis depuis l’enfance, que je récite par cœur, qui m’habitent et me surviennent à tous les moments de ma vie, ceux qui ont toujours quelque chose à me dire. Mallarmé et Valéry, qui m’ont si fortement marqué et auxquels mes premiers poèmes ressemblent, ne m’ont rien inspiré (je ne crois pas, d’ailleurs, qu’on gagne à les mettre en musique, et eux-mêmes n’y gagnent pas davantage). Si tant d’autres m’ont arrêté, c’est à la faveur de quelques images où, le temps d’un poème, ils rejoignaient mes propres angoisses ; leurs mots me dissimulaient, me protégeaient, me réduisaient au rôle indolore de traducteur. Précaution inutile : le premier venu peut distinguer, de Tardieu à Supervielle, d’Éluard à Jules Romains, les deux ou trois thèmes qui m’ont inlassablement attiré, et pointer le défaut d’une inutile cuirasse. Tels sont ces textes brefs et étranges de Desnos. Ce qui m’y a retenu, c’est une fois de plus le rouage cruel, l’engrenage maléfique du temps – le temps détraqué de la vieillesse, le temps faussement paisible de la jeunesse, l’irréductible temps que nul ne peut remonter. J’ai commencé les trois mélodies presque ensemble, en novembre 1983. La deuxième, avec son parc et son cimetière confondus, m’est venue très vite, comme une nécessité. Mais les autres me fuyaient, jusqu’à ce que je me résigne à ces accents grimaçants, à ce ton dérisoire, – où je suis bien forcé, un quart de siècle plus tard, de me reconnaître aussi, et comme en dépit de moi… Guy Sacre