Ainsi soit-tilt

« La plus perdue de toutes les journées est celle où on n’a pas ri. » Cette maxime est de Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort, raté génial, révolutionnaire d’opérette, fils d’une comtesse et d’un chanoine. A-t-il lui-même beaucoup ri dans sa vie ? Une fois par jour ? En tout cas, peut-être pas le 14 novembre 1793 où il s’acharna à se supprimer avant de réussir à survivre cinq mois à l’indescriptible boucherie. Pour conjurer ce mauvais sort, Michel Bellin a puisé dans son œuvre pléthorique une trentaine de textes qu’il estime cocasses car iconoclastes : pastiches (Proust, Verlaine, Benoît XVI…) ; délires éroticomystiques ; illustrations irrévérentes du jeune Romain Boussard. Et aussi, pour faire bonne mesure, le décor de sa studette transformée en cabinet de curiosités, depuis son sex-toy favori jusqu’à son tapis de souris, en passant par divers encadrements. Pour le meilleur et pour le rire. Le lecteur se régalera-t-il de ce ragoût assaisonné de fleur de sexe ? Notre maître-queux l’a voulu épicé, servi avec des rasades d’anticléricalisme, avec ça et là, souvent sur fond de mélancolie, un soupçon de misogynie et une profusion d’homophilie heureuse.