Tchachachao

Animé par une insatiable quête de liberté, Thibault Lévêque est un photographe atypique qui se plaît à multiplier les pratiques. Écriture, musique, cinéma ou théâtre, c’est toutefois au travers de l’image qu’il parvient le mieux à s’exprimer. Depuis 2012, équipé de son boîtier argentique, il sillonne les routes à la recherche de l’instant fugitif. Brut et sincère, le grain de la pellicule ne manque pas de magnifier ses moindres clichés. Après Ici nulle part (2016) et Passion (2018), il revient cette année avec un nouvel ouvrage édité chez Fisheye. Derrière la couverture pailletée de Tchachachao se cachent des moments de liesse et de liberté. Thibault Lévêque les a cristallisés puis consignés dans un format pleine page, comme s’il souhaitait faire abstraction de tout ce qui pourrait sembler superflu. À l’instar des réminiscences qui se superposent dans l’esprit flou, les clichés festifs sont ainsi jetés pêle-mêle dans une spontanéité assumée. Au gré des souvenirs, quelques poèmes vagabonds se glissent çà et là, à même les images ou sur du papier transparent. Cette succession hasardeuse s’incarne également dans l’objet-livre qui, par son absence de reliure, fait preuve d’une grande souplesse. Pareil à un carnet de route que l’on remplirait à mesure que le temps file, l’ouvrage s’ouvre à plat. Il nous immerge alors d’autant mieux dans ces fragments de vie, sublimés par l’œil du photographe aguerri.